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Robert Blondel (P65): Quarante ans d’évolution de l’agriculture bretonne vus et vécus par un Agro
Robert Blondel (P65) s'est exprimé à une réunion Agrosbreizh réunissant 17 camarades à Romillé, la commune de Pierre Daucé (P 65, chercheur émérite INRA).
Au cours de sa carrière à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor (1968-2006), Robert Blondel a vu la Bretagne passer du rang d’une des régions les plus pauvres au sortir de la 2è guerre mondiale, à celui de la tête de l’agriculture française. Il trouvait donc exagérés et injustes certains reproches (référence au livre de Nicolas Legendre, "Silence dans les champs"), même s’il reconnaissait l’existence de défis à relever, notamment sous la pression croissante des contraintes environnementales. Il observait aussi la réduction drastique de la population agricole mais constatait qu’en nombre d’employés, les exploitations agricoles n’avaient pas tellement changé (1,69 unités en 2010 contre 1,49 en 1970).
Comme agronome, il n’a voulu cacher dans son exposé ni les échecs ni les errements. En agriculture, le progrès mobilise des acteurs multiples qui, pour avancer dans un milieu complexe, doivent travailler en connivence. Parfois, les pouvoirs publics ne se sont pas adressés aux interlocuteurs pertinents. Les analyses et les recommandations n’ont pas toujours été assez précises ou assez pratiques. Or, la recherche appliquée en chambre d’agriculture ne saurait se contenter de recommandations théoriques. Seule l’expérimentation et l’observation en milieu réel permettent de déceler les obstacles parfois cachés.
En tant que zootechnicien, Robert observait que la révolution agricole bretonne avait été avant tout une révolution fourragère. La prairie pérenne de ray grass anglais avec trèfle blanc et sans engrais azoté s’était imposée, sous l’influence d’André Pochon, après différentes étapes, notamment celle des prairies temporaires de ray grass italien. Quant au maïs, grâce principalement à la facilité de sa culture, il l’avait emporté sur toutes les autres formes d’affouragement d’hiver, en partie sous l’effet de l’innovation technique de l’ensilage. Les critiques d’André Pochon à l’encontre du maïs étaient, selon Robert, exagérées en l’absence d’autre solution aussi productive, et pourvu, certes, que les bonnes pratiques fussent respectées notamment en matière d’intrants et de couverture des sols.
La Bretagne était aussi devenue une terre de céréaliculture. Les rendements de blé s’étaient d’abord accrus sous l’effet des engrais, puis des fongicides qui ont su protéger les variétés nouvelles, à tige courte, contre les maladies cryptogamiques. Actuellement, les recherches progressent sur des variétés à faible besoin de traitements.
Les tentatives de réduire la dépendance au soja dans les années 1970 et 1980 ont induit des essais de culture de féverolles et de pois protéagineux, mais sans lendemain. L’échec a résulté de la politique insuffisamment volontariste de l’Etat, tandis que la culture du colza s’est implantée en France avec la consolidation de la filière et que celle du soja a quelque peu migré des Etats-Unis au Brésil.
A ce stade, le rôle de l’agronome est, estimait Robert, d’assurer l’expertise technique, de convaincre les agriculteurs de l’intérêt à respecter les bonnes pratiques, notamment en termes de fumure équilibrée et de couverture végétale des terres, et de contribuer à l’élaboration d’exigences réglementaires reflétant l’intérêt général (protection de l’environnement et de la santé) et reposant sur l’acceptation éclairée des agriculteurs.
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